Georges Pompidou et Albi, sa ville de cœur

À l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, le 2 avril 1974, la Ville d'Albi rend hommage à l'ancien président de la République et surtout à l'Albigeois qu'il a été. Un hommage solennel, avec dépôt de gerbes, lui a été rendu le mardi 2 avril 2024 au monument aux morts d’Albi.
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Pompidou devant les Jardins du Palais de Berbie.

Source : © MOPY

Né dans le Cantal, le 5 juillet 1911, Georges Pompidou est scolarisé à Albi, où son père a été nommé la même année professeur d'espagnol au lycée Rascol et sa mère professeur de sciences à l'école primaire supérieure de filles. L'enfant a trois ans, lorsque son père part  à la guerre. Georges vit à cette époque rue Salvan de Saliès, avant que sa famille ne s'installe rue des Chalets de 1912 jusqu'en 1928. Une plaque commémorative y a été d'ailleurs inaugurée en 2009. Élève brillant adorant la lecture, il obtient le premier prix de version grecque au concours général en 1927, alors qu’il est élève au lycée Lapérouse.

Il passe son baccalauréat à Albi en 1928, avant de poursuivre ses études à Toulouse puis à Paris. Léon Pompidou, socialiste, fut élu par deux fois au conseil municipal en 1929, puis en 1935, sous le mandat de Laurent Camboulives. En 1936, il est muté à Paris. À Albi, les Pompidou ont habité à trois endroits ; d'abord au 44 rue Salvan de Saliès, puis au 15, rue des Chalets, à partir de 1931, et au 8 rue des Chalets à partir de 1936. Pour l'anecdote, lors de l'écrit de philosophie, le jeune élève rédige deux dissertations, l'une pour lui, l'autre pour une fille de sa classe... « Nous eûmes l'un et l'autre une note convenable qui assura mon succès prévu et le sien moins prévisible... », raconte-t-il plus tard, amusé. Normale Sup et l’agrégation de lettres à laquelle il est reçu premier lui ouvrent une carrière politique brillante. Il commence en 1935 à enseigner, d'abord à Marseille, puis à Paris, au lycée Henri IV, où il assure des cours de latin et de grec.

Son engagement politique

En 1935, Georges Pompidou épouse Claude Cahour avec qui il adopte un fils, Alain. Sa carrière politique débute après la Seconde Guerre mondiale. Il obtient, au lendemain de la guerre, un poste de chargé de mission pour l'Éducation nationale au cabinet du Général de Gaulle qu'il a rencontré en 1944 et dont il devient l'un des plus proches conseillers. Lors du retour au pouvoir du Général en 1958, il devient son chef de cabinet, puis est nommé au Conseil constitutionnel, avant de devenir Premier ministre à partir de 1962. Entretemps, il exerce à partir de 1955 les fonctions de directeur de la banque Rotschild.

Après avoir participé activement à la construction européenne et aux accords d'Evian, il contribue à l'essor économique de la France au cœur des Trente Glorieuses et obtient la sortie de crise après mai 1968. Le 10 juillet de la même année, il démissionne de ses fonctions après des relations tendues avec de Gaulle. Le 15 juin 1969, il est élu président de la République suite au départ du général de Gaulle, consécutive à l'échec du référendum du mois d'avril. Pendant ses années à la tête de l'État, il mène une politique visant à moderniser la France et s’engage dans le processus d’élargissement de la Communauté européenne avec l’entrée du Royaume-Uni, ce qu’il obtiendra après un référendum réalisé en 1972. On lui doit aussi le lancement de projets comme  le TGV, le consortium Airbus (notamment le Concorde), le centre d'art contemporain à Paris (Beaubourg), le Turbotrain, l'ouverture de l'aéroport de Roissy ou encore la création de la troisième chaîne de l'ORTF.

Un président attaché à Albi

Comme Premier ministre puis, à partir de 1969, comme président de la République, Georges Pompidou n'oublie pas sa ville de coeur et s'y rend à quelques reprises. Le 15 mai 1964, par exemple, il vient à Albi, dans le cadre du centenaire de la naissance du peintre Toulouse-Lautrec. À cette occasion, il visite le musée, inaugure le nouveau lycée technique Rascol et annonce que le Gouvernement a décidé de créer la centrale thermique Pélissier.

Le président Pompidou revient à Albi le 5 avril 1970, invité par l'association des anciens élèves du lycée Lapérouse. Il profite de sa visite pour saluer les équipes sportives de la ville et assister à une revue des troupes place du Vigan. Accueilli à l'Hôtel de Ville par le maire Laurent Mathieu, il reçoit le jour même la médaille d'or de la Ville. Il se rend ensuite au lycée, où il participe à l'assemblée générale des anciens élèves. Quatre ans plus tard, Georges Pompidou, malade, décède le 2 avril 1974.

Visite Geoges Pompidou Albi 1970
Pompidou, en 1970, dans la cour du lycée Lapérouse où il a été élève à la fin des années 20.

Quelques mois après, lors du conseil municipal d'Albi du 8 juillet 1974, il est décidé de donner son nom à la grande artère qui passe devant le lycée Lapérouse, appelée jusqu'alors Lices de Rhonel et Lices du Nord.

« Il faut dire, quand on y revient après quelques années, qu'on est surpris de voir que  cet Albi qu'on a connu, ville merveilleuse, ville d'art de tranquillité et un peu endormie, s'éveille, se développe, s'accroît sans cesse. (...) Monsieur le maire, je ne puis terminer sans vous redire combien il  est émouvant pour quelqu'un qui a été un petit garçon dans une ville, qui a laissé au lycée des souvenirs (...) ; on pourrait rappeler aussi bien des incidents, dus à la conduite,  au bavardage, et à un certain nombre de défauts ! Quand je pense à mes vieux maîtres, je ne pense qu'à des compliments qui me furent faits ! Il est émouvant dans une ville où  on a été enfant de se retrouver grandi, vieilli et transformé. Cette transformation, il me semble qu'elle a disparu et  que je suis redevenu l'Albigeois d'autrefois. Merci ! »
Georges Pompidou, discours du 15 mai 1964 à Albi (extraits)