La mygale à chaussette découverte à Albi

Un inventaire consacré aux espèces d’araignées présentes au parc Rochegude et dans un parc acquis récemment par la Ville dans le quartier de la Madeleine a révélé la présence d’une mygale au nom des plus insolites. Une bonne nouvelle pour la biodiversité. Explication.
La mygale à chaussette (ici en gros plan) a été identifiée au parc Rochegude ; aucun risque de la croiser car elle vit sous terre !

La mygale à chaussette (ici en gros plan) a été identifiée au parc Rochegude ; aucun risque de la croiser car elle vit sous terre !

Rassurez-vous, la mygale à chaussette (Atypus affinis pour les spécialistes) n’a pas la taille de ses cousines africaines ou sud-américaines, dont les dimensions ont de quoi faire frémir même les plus téméraires.

Sa taille n’excède d’ailleurs pas deux centimètres pour la femelle, pattes étendues, précisons-le. La ressemblance est pourtant assez flagrante, notamment au niveau des chélicères, ces fameux crochets qui lui servent à la fois pour mordre et exécuter si nécessaire de menus « travaux de creusement ». « C’est évidemment toujours surprenant d’apprendre qu’il existe des mygales en France », reconnaît d’emblée Alexis Saintilan, arachnologue chargé par la Ville d’Albi de réaliser un inventaire au parc Rochegude et à la Madeleine.

Il faudra hélas se contenter de photos, car il y a peu de chance de l’apercevoir, cette mygale repérée à Albi l’année dernière jouant les discrètes. « Elle est plutôt nocturne et vit essentiellement sous terre », explique l’arachnologue. Quant à son nom de baptême, la mygale à chaussette le doit au tube de soie qu’elle confectionne sous terre pour s’abriter. La partie aérienne est utilisée comme un piège pour ses proies. Une simple vibration de la chaussette suffit à la femelle pour bondir, mordre sa victime et la dévorer ensuite. Le mâle, qui l'aura mise en appétit après reproduction dans la chaussette n’échappera pas à ce sort funeste.

Plus de cinquante espèces d’araignées identifiées

Pour dénicher cette mygale et d’autres araignées, Alexis Saintilan a utilisé plusieurs outils : un filet ratissant le sol, un parapluie placé sous les arbres et les buissons et même un aspirateur thermique !
La collecte a été bonne au cours des trois sessions de terrain organisées sur de petites parcelles. Les araignées recueillies ont été ensuite observées à la loupe pour identification. « On compte 50 000 espèces d’araignées dans le monde, 1 700 en France métropolitaine. À Albi, j’en ai repéré une cinquantaine, ce qui est plutôt beaucoup en milieu urbain », note le naturaliste. Outre notre mygale albigeoise, Alexis Saintilan a rencontré aussi des Saitis Barbipes, un bel arachnide. Côté fashion, le mâle se distingue de la femelle par une troisième paire de pattes... de couleur rouge.

Pour séduire sa belle, lors de la parade nuptiale, il lève de manière alternative une patte puis l’autre. Si le rapport d’inventaire est attendu pour l’été, Alexis Saintilan a déjà pu constater que les espaces laissés libres par le service Patrimoine végétal et biodiversitésont beaucoup plus riches que ceux entretenus et tondus. « Ces espaces avaient été créés pour protéger le système racinaire des arbres remarquables du parc et améliorer l’état du sol autour », note Bruno Lailheugue, adjoint au maire délégué à la biodiversité. « On voit ici un des effets de cette mesure qui profite pleinement à la flore mais aussi à la faune. » De quoi changer le regard sur les araignées sur qui l’on jette souvent trop vite l’opprobre. Les araignées jouent par ailleurs un rôle essentiel dans l’écosystème en étant de très bons prédateurs, mais aussi des proies pour d’autres insectes ou oiseaux. Bienvenue, donc, à notre mygale à chaussette !

 

Publié le 30/06/2022