Le jugement dernier
A la fin du XVe siècle, les murs de la cathédrale se parent de couleurs avec la réalisation du Jugement dernier, le plus important de France par son ampleur : 300 m2 ! Spectaculaire, majestueux, magnifique : le chef d'œuvre peint à la fin du XVe siècle sous le règne de l'évêque Louis Ier d'Amboise, ne manque pas de qualificatifs élogieux, qui lui valent d'être mentionné à plusieurs reprises dans le dossier de candidature de la Cité épiscopale au classement au patrimoine mondial de l'Unesco.
Malgré l'absence de sa partie centrale, détruite à la fin du XVIIe siècle où le Christ apparaissait en gloire, le Jugement dernier conserve une étonnante fraîcheur picturale. Il y a plus de cinq siècles, avant que la voûte ne soit ornée de ses somptueuses peintures, le fidèle chrétien en entrant dans la cathédrale était placé devant une réalité à laquelle il ne pouvait échapper : la mort. Impossible de manquer cette fresque impressionnante tant par ses dimensions que par ce qu'elle représente : le Jugement dernier dont parle l'Apocalypse de Saint Jean.
Prenant la forme d'un catéchisme illustré, le tableau, qui épouse les deux imposantes colonnes soutenant l'orgue, représente le sort réservé aux élus et aux damnés. Les premiers, quittant leur tombe, sont accueillis par des anges et invités, une fois ressuscités, à rejoindre les apôtres et les saints. Les seconds ont un avenir bien moins glorieux qu'on peut lire à la fois par l'image et les commentaires qui les décrivent au-dessous.
Enfer et damnation !
Le prodige des peintres de la Renaissance se révèle par leur capacité à exprimer sur les visages et les corps désarticulés des damnés le sentiment d'horreur et d'épouvante. Celui-ci contraste fortement avec l'apparente sérénité des élus. Le tableau est là pour frapper les esprits. L'enfer est le monde de la désolation, de la désespérance, du chaos et de l'anéantissement.
Peuplé de monstres et de démons terrifiants, il plonge les malheureux dans un supplice éternel qui rappelle nombre de tortures médiévales : immersion dans l'eau, pal, ingestion forcée, cuisson dans des marmites géantes : le spectacle fait froid dans le dos.
Le jugement dernier d'Albi est le premier à mettre en scène les sept péchés capitaux, chaque supplice correspondant à un vice. Seule la paresse a disparu...
La violence des châtiments devait suffire à mettre en garde les chrétiens, responsables devant Dieu de leurs actes, et à les ramener sur le droit chemin. À l'inverse, l'image des élus offrait une espérance et l'assurance de l'éternité après la mort.
En 1 clic
Tous vos accès pratiques !