La coopération décentralisée Albi-Abomey

Lors du séjour de la délégation albigeoise à Abomey en décembre 2004, un audit avait permis de dessiner les axes d'échanges entre les deux collectivités. Marquées par l’existence commune d’un patrimoine exceptionnel autour de la terre, les villes d’Albi et d’Abomey ont formalisé les termes d’une coopération technique en 2005 dans le cadre d’une convention de coopération décentralisée.

Plus d'informations sur la coopération décentralisée

Les projets en cours

Réhabilitation du site des Palais royaux en faveur des communautés féminines qui résident sur le site et le font vivre en organisant de grandes cérémonies ;

Poursuite des actions de formation santé portées par l'association Coopération Santé Albi-Abomey (CSAA) et complétées par une formation dispensée par des sapeurs-pompiers bénévoles dans le domaine du sauvetage-déblaiement ;

Consolidation des compétences des agents de la mairie d'Abomey sur des outils de base en bureautique ;

Développement d'une application « Abomey dans ma poche » sur le modèle de celle d'Albi ;

Ouverture d'un musée sur le site des Palais royaux ayant pour vocation à accueillir les objets que la France a restitués au Bénin.

Abomey dans l'histoire

Abomey était la capitale de l'ancien royaume du Dahomey, actuelle république du Bénin. On la surnomme d'ailleurs « Abomey la royale ». Le royaume d'Abomey a joué un rôle prépondérant dans l'histoire du territoire du Bénin moderne : son administration a nourri l'organisation moderne des institutions de la république du Bénin.

Le roi Ouégbaja (1645-1685) construit son palais sur la sépulture d'un adversaire appelé Dan, d'où le nom de Dan Homé qui signifie « sur le ventre de Dan ». Il établit dans ce royaume les bases légales et les grands principes de fonctionnement (règles de succession, missions politiques des souverains…). Pour fortifier et protéger la capitale de son royaume contre les agressions, le roi Ouégbaja fait creuser de grands fossés d'environ huit mètres de profondeur et six mètres de largeur, et fait ériger de hautes murailles tout autour de la ville qui prend alors le nom en langue fon « d'Agbome », ce qui signifie « à l'intérieur du fossé ». Abomey devient ainsi la capitale d'un royaume qui a pour nom Danxome ou Dahomey.
Au XVIII^e siècle, le roi Agadja (1708-1740) annexe des territoires et constitue un régiment d'amazones. Agadja étend les frontières du royaume du Dahomey jusqu'à la côte atlantique et le port de Ouidah, haut lieu de la Côte des esclaves que se disputent l'Angleterre, le Portugal, la France et la Hollande et où tous construisent des forts. La compagnie française des Indes occidentales y installe un comptoir pour la traite des noirs. Le Dahomey va ainsi participer directement au commerce négrier par le port de Ouidah.
Au XVIII^e siècle, se produisent des guerres répétées entre le royaume du Dahomey et le royaume des Yoruba d'Oyo. Les Fons seront réduits à payer à celui-ci un tribut jusqu'au début du XIX^e siècle, tout en obtenant le monopole du trafic d'esclaves.
Le roi Guézo (1818-1858) réforme l'administration et fonde la richesse du pays sur l'agriculture après l'abolition de l'esclavage. En 1851, il libère le royaume d'Abomey de la domination du royaume des Yorubas en signant un traité de commerce et d'amitié avec la France.
Son successeur, le roi Glélé (1858-1889) cède aux français le territoire de Cotonou, où ceux-ci installent de grandes maisons de commerce.
En 1892, le roi Gbéhanzin (1889-1894) tente de résister au développement de l'influence française, et fort de 3000 hommes, pénètre à Abomey. Le royaume perd malgré tout son indépendance et se dissout dans la colonie française du Dahomey.
Le 1er août 1960, l'indépendance du Dahomey est proclamée. Le pays pendra le nom de Bénin en 1975.

Patrimoine mondial

En 1985, le site des Palais royaux (47 ha) a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial. Ce site exceptionnel se compose des palais que les rois successifs ont érigé les uns à côté des autres : à l’exception du roi Akaba, qui utilisa un enclos distinct, chacun fit édifier son palais à l’intérieur d’un enclos entouré de murs de pisé tout en conservant certaines caractéristiques de l’architecture des palais précédents dans l’organisation de l’espace et le choix des matériaux. Les palais d’Abomey fournissent un témoignage exceptionnel sur un royaume disparu.

En complément de ce patrimoine bâti, Abomey bénéficie d’un patrimoine vivant et immatériel très riche composé de danses cérémonielles et royales ancestrales, de cérémonies vaudou et d’un festival annuel culturel et cultuel. Fidèle à ses traditions, une vie artisanale s’est développée : tissage, poterie, forge, vannerie, sculpture sur bois.

Plus de 15 ans de coopération

Depuis 2005, les deux villes sont engagées dans des programmes triennaux lancés et soutenus par le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Il s’agit notamment de projets portant sur la réhabilitation du patrimoine, le tourisme, les services à la population (éclairage public, eau potable), la santé (dans le cadre du soutien à l’association Coopération Santé Albi-Abomey (CSAA)). Ces thématiques se sont développées au cours des cinq programmes successifs qui se sont attachés à appuyer la Mairie d’Abomey dans ses projets : extension de son réseau hydraulique, gestion des équipements d’éclairage public, restauration et mise en valeur des sites inscrits, mais aussi développement de son offre touristique, la société civile ayant pour sa part contribué notamment à l'amélioration des conditions de soins médicaux et à des échanges dans les domaines culturels.

Concernant les Palais royaux, la ville a concentré ses moyens sur la réhabilitation de lieux sacrés habités par des communautés de femmes garantes du culte vaudou.

« Cet espace sacré joue un rôle prépondérant dans le maintien des valeurs immatérielles du site. », indique France Gerbal-Medalle, adjointe au maire déléguée à la coopération décentralisée. « Il ne s'agit pas ici d'apporter d'abord une aide matérielle ni de faire de l'humanitaire. La coopération décentralisée repose avant tout sur un partage d'expériences et de savoir-faire ainsi que sur l'ouverture vers d'autres cultures. Elle vise aussi à favoriser l'autonomie par la formation des agents sur place. Il faut aussi saluer le travail remarquable de l'association Coopération Santé Albi-Abomey (CSAA) et le collectif Cantepau Albi-Abomey. ».

Selon Antoine Louis Kossi Djedou et Stéphanie Guiraud-Chaumeil

■ AM254 - OCTOBRE 2022

Antoine Louis Kossi Djedou, maire d'Abomey

« C’est un plaisir pour moi d’exprimer mon témoignage sur la coopération décentralisée entre notre ville et son homologue d’Albi. Il s’agit avant tout d’une coopération exemplaire qui fonctionne très bien depuis bientôt une vingtaine d’années. Nous fêterons d'ailleurs avec Albi en 2025, vingt ans de coopération décentralisée, ce qui illustre bien l’excellence des relations d’amitiés et de coopération qui nous unissent. Notre coopération a été originale et unique en son genre en ce qui concerne le volet patrimoine, principalement sur le site des Palais royaux. Nous sommes précurseurs dans ce domaine. Le partenariat décentralisé Albi-Abomey fonctionne suivant le principe de réciprocité avec un investissement humain important tant du côté d’Abomey comme de celui d’Albi. Aujourd’hui, en raison des grandes crises auxquelles le monde est confronté, la crise sanitaire de la covid-19, l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale, la question des changements climatiques, les enjeux liés au numérique, il faut que la coopération Albi-Abomey se réinvente autour des thématiques nouvelles en dehors des thématiques traditionnelles (patrimoine, eau potable, éclairage public) : les volets environnement et changement climatique, les énergies durables, l'entrepreneuriat des jeunes, le numérique, etc. Il sera aussi utile pour notre partenariat de s’impliquer dans le projet de réhabilitation du musée d’Abomey qui entrera dans sa phase active très bientôt. »

Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d'Albi

« La coopération décentralisée entre Albi et Abomey se fonde sur l'existence d'un patrimoine de terre exceptionnel inscrit au patrimoine mondial et sur notre volonté commune de préserver cet héritage et d’œuvrer au développement de nos territoires respectifs. Aussi, depuis le début de nos échanges avec Abomey, nos deux villes se sont engagées à inscrire le patrimoine au cœur d'actions soutenues par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans le cadre d’appels à projet. Au-delà de l’approche patrimoniale, cette coopération s’attache aussi depuis plusieurs années à accompagner la commune d’Abomey dans une montée en compétences. Ces moments d'échanges et de formation sont l'occasion de s'enrichir mutuellement d'une expérience nouvelle et de partages avec Abomey, autre patrimoine de l'humanité avec lequel nous avons tant d'enjeux en commun. »

Le collectif Cantepau Albi-Abomey

Créé en 2007, le collectif a pour but de réaliser des actions et des manifestations dans le cadre de la coopération décentralisée entre Albi et Abomey : il vise à répondre aux souhaits de développement en termes de valorisation culturelle et sportive, mais également de solidarité et d'éducation dans le cadre des échanges franco-africains.

Les objectifs sont les suivants :

Soutenir l'action civile du collectif d'associations impliquées dans la relation entre Albi et Abomey ;
Contribuer à la création d'une bibliothèque et d'un espace informatique à destination des habitants ;
Contribuer à l'acquisition de matériel scolaire pour les écoliers d'Abomey ;
Favoriser l'accès à la connaissance et à la lecture.

L'association Coopération Santé Albi-Abomey

Les objectifs sont les suivants :

Le développement d'échanges de savoir-faire et humanitaire entre les professionnels de santé des villes d'Albi et d'Abomey afin d'évaluer les besoins ;
La formation des personnels de santé des deux villes (accueil à Albi et à Abomey) ;
Le don de matériel médical selon les besoins de la collectivité béninoise identifiés ;
La recherche de moyens financiers afin de répondre aux besoins.