La dynamique des villes moyennes

Reconnues pour leur cadre de vie, beaucoup de villes moyennes ont le vent en poupe. Explication avec François Taulelle, professeur des universités en géographie, aménagement et urbanisme, et Ygal Fijalkow, professeur des universités en sociologie, tous les deux enseignants du master « Ville et environnements urbains ».
La dynamique des villes moyennes

L’INU Champollion était en avance sur son temps en créant il y a dix ans un master dédié au développement des villes petites et moyennes. « À l’époque, l’attention était davantage portée sur les métropoles françaises », reconnaît François Taulelle. « À Albi, nous souhaitions mettre en place des masters qui se démarquent de ce qui existait déjà à Toulouse, d’où l’idée de travailler sur les villes moyennes, un sujet peu traité jusqu'alors. » Dix ans plus tard, la donne a changé et le regard est tourné vers ces villes dynamiques qui séduisent de plus en plus une population voulant échapper aux désagréments des grandes villes : pollution, embouteillages, insécurité pour ne citer que les plus courantes.

La crise sanitaire est passée aussi par là et a accéléré cet exode vers les villes qu’on qualifie à juste titre « à taille humaine ». Les nouveaux Albigeois, accueillis en octobre lors de la réception organisée à leur honneur par la Ville d’Albi, ont été nombreux à le confirmer. Une bonne nouvelle pour l'immobilier. Une échelle de territoire Mais qu’entend-on au juste par ville moyenne ? « Ce n’est pas qu’une question de nombre d’habitants », explique François Taulelle. « On qualifie de ville moyenne ce qui est entre le bourg et la métropole, cet entre-deux, qui est souvent sous-préfecture ou préfecture et dont il est facile de faire le tour au sens propre comme au figuré. On y trouve généralement un certain nombre d’équipements comme un hôpital, des lycées voire une université. » Les villes moyennes bénéficient d’un cadre de vie plus agréable et d'un coût de la vie moins important que dans les métropoles. « L’étude sur les villes moyennes dépasse généralement les contours de la ville centre », note Ygal Fijalkow.

« On pense plutôt à l’échelle d’un territoire, d’une agglomération avec ses problématiques spécifiques qui ne peuvent pas être comparables à celles d’une grande ville. On le voit, par exemple, avec la question des transports en commun qui ont du mal à s’imposer face à la voiture et des solutions préconisées pour développer les déplacements doux. » Une réflexion transversale Le master « Ville et environnements urbains - spécialité ingénierie du développement dans les villes petites et moyennes » accueille cette année une trentaine de jeunes. « Nous formons des étudiants provenant de différentes filières : géographie, sociologie, sciences-po et droit », indique François Taulelle. « La réflexion porte en effet sur la ville moyenne considérée comme un écosystème avec une vision transversale et interdisciplinaire. Plusieurs grandes thématiques sont abordées comme la mobilité, la culture, le patrimoine, la transition énergétique, le numérique ou encore l’habitat, mais aussi les habitants d’un point de vue sociologique notamment. De ces thèmes découlent des problématiques comme la vacance commerciale, la mobilité douce, le changement climatique… Tout est lié : on ne peut pas penser, par exemple, attractivité commerciale sans évoquer l’habitat et la mobilité ou encore les services publics. »

Parmi les villes prises en exemple, Albi figure dans la liste des bons élèves. « Même s’il y a encore bien sûr des marges d’amélioration, Albi a su trouver des leviers pour son attractivité comme le patrimoine, le développement économique et l’enseignement supérieur qui permet d’attirer une population jeune », note Ygal Fijalkow. « L’enjeu aujourd’hui pour les villes moyennes comme Albi est de maintenir de l’activité en centre-ville, mais aussi de relier davantage les quartiers entre eux, d’aménager des espaces de convivialité de qualité et de répondre aux enjeux climatiques. »