Le jumelage Albi-Lijiang

Avec 1,5 million d'habitants, Lijiang est une ville-préfecture de la province du Yunnan en Chine dont la juridiction est peuplée majoritairement par la minorité Naxi.

Située sur un haut plateau au Nord-Est de la province du Yunnan à 2 400 mètres d’altitude, la ville de Lijiang se trouve sur l’ancienne route caravanière reliant le Tibet à la Chine. La vieille ville de Lijiang, construite il y a environ 800 ans, était un important carrefour commercial entre le Sichuan, le Yunnan et le Tibet, et était reliée à la partie sud de la Route de la Soie. La population est composée aujourd'hui de 23 groupes  ethniques minoritaires comme les Naxi, Yi, Lisu, Bai, Pumi... Ces minorités représentent 58,1% de la population totale de la ville.

 

De nos jours, la Chine est un acteur économique incontournable et sa dimension touristique n'est pas négligeable, les Chinois représentant un vivier de touristes en pleine expansion. Et au regard d'années d'expériences d'échanges internationaux, il est apparu à la collectivité albigeoise qu'un partenariat avec une ville chinoise ne pourrait qu'être source de développement et d'enrichissements réciproques. Des échanges culturels, universitaires et commerciaux sont donc ainsi à imaginer. 

 

En 2012, la Ville d'Albi a développé un certain nombres d'outils de promotion en langue chinoise (brochures touristiques, page web sur Sina Weibo, compte sur Baidu Baike, dossier de presse, etc.) et a émis le souhait d'engager un partenariat avec la Ville de Lijiang en raison de :

  • Sa taille (1,2 million d'habitants) ;
  • Son patrimoine exceptionnel (inscrite à trois titres au Patrimoine mondial de l'Unesco) ;
  • Sa renommée touristique ;
  • Son ouverture internationale (différents échanges avec des villes aux États-Unis, au Japon, en Allemagne, en Italie ou encore en Australie).

La Ville d'Albi, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, a sollicité l'Association du peule chinois pour l'amitié avec l'étranger (CPAFFC) pour transmettre la proposition de partenariat aux autorités de Lijiang. Le conseil municipal d'Albi a validé le principe d'engager un partenariat avec Lijang en décembre 2012. 

Une première visite d'une délégation d'Albi à Lijiang s'est réalisée en mars 2013 avec la signature d'un protocole d'entente entre les deux villes.

Le jumelage a été signé à distance par les deux parties en décembre 2016, puis officialisé en mars 2017.

 

Plus d'informations sur le jumelage

 

Quels sont les enjeux ?

L'objectif de ce jumelage est de renforcer l'attractivité touristique d'Albi et de Lijiang par des actions de promotion et d'œuvrer à des rapprochements et des échanges universitaires.

Pour Lijiang, l'intérêt du jumelage avec la Ville d'Abli réside dans la gestion de son patrimoine. L'expertise de la Ville d'Albi sur cette question est attendue par les autorités locales.

Pour Albi, le pari est de figurer dans les circuits de visite des Chinois en séjour en France. Cela générerait de l'activité dans l'hôtellerie et la restauration albigeoises, profitant indirectement à toute l'économie locale.

Dans une économie mondialisée, les deux villes ont à relever des défis en matière de transport, d'urbanisme et d'environnement. Elles peuvent s'enrichir du savoir-faire de l'autre.

Des échanges dans le domaine de l'éducation sont aussi envisageables dans les écoles et les établissements d'enseignement supérieur où des jeunes Chinois effectuent déjà des études.

Lijiang dans l'histoire

Ville antique exceptionnelle, Lijiang est située au coeur d'un paysage magnifique formant une harmonieuse synthèse entre différentes traditions culturelles et à l'origine d'un paysage urbain extraordinaire.

La région de Lijiang a été continuellement occupée par l'Homme depuis le Paléolithique.

Au cours de la période des « Royaumes combattants » (475-331 avant J.-C.), elle est placée sous la juridiction de la région de Shu, dans l'Etat de Qin. 

Sous le règne des dynasties Han (206 avant J.-C.-220 après J.-C.), occidentaux et orientaux, le statut de comté de Suijiu lui est attribué.

Au XIIIe siècle après J.-C., au cours de la dernière dynastie Song du Sud, les ancêtres de la famille gouvernante Mu déplacent leur centre principal de Baisha, au pied des montagnes de Shizi, vers une nouvelle cité connue sous le nom de « Dayechang » (ultérieurement Dayan) où ils commencent à bâtir une ville entourée de remparts et d'un fossé.

Dans les années 1250, après la soumission d'Azong Aliang à l'autorité de l'empereur Yuan Hubilie, Dayechang devient centre administratif.

La préfecture de Lijiang Junmin est mise en place lorsque la région passe sous contrôle Ming, en 1382. On accorde au préfet de l'époque, Ajia Ade, le nom honorifique de « Mu » et on le fait préfet héréditaire, titre confirmé en 1660 par les souverains de la dynastie des Qing. 

Tout au long de cette période, les préfets Mu successifs ont été à l'origine de l'agrandissement et de l'embellissement de leur centre.

En 1723, la cour impériale modifie sa politique et le préfet natif des lieux est remplacé par un délégué impérial. 

Le premier préfet non originaire de la région, Yang Bi, est arrivé l'année suivante et a commencé à construire des bureaux préfectoraux, des casernes et des infrastructures éducatives au pied du Mont Jinhong. 

En 1770, le comté de Lijiang est créé au sein de la préfecture de Lijiang Junmin et a survécu à l'abolition de la préfecture par la République en 1912.

Depuis, Lijiang n'a jamais cessé d'être un centre administratif, aujourd'hui pour le comté autonome de Lijiang Naxi.

La région est exposée aux tremblements de terre et la ville en souffrira à plusieurs reprises.

Patrimoine mondial depuis 25 ans

La vieille ville de Lijiang a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1997. En raison de son contexte culturel unique et de son environnement naturel, Lijiang est ainsi devenue l'une des destinations touristiques les plus visitées au monde. Des bâtiments anciens et des temples peuvent être admirés dans la vieille ville et aux alentours qui sont également remarquables.

Lijiang est la seule ville au monde qui compte trois biens inscrits au Patrimoine mondial :

  • La vieille ville de Lijiang, inscrite en 1987 en tant que « Ville ancienne exceptionnelle sise dans un paysage spectaculaire »
  • Les aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan, inscrites en 2003 comme bien naturel ;
  • Les manuscrits anciens de la littérature Dongba des Naxi, recommandés en 2003 à l'inscription au registre Mémoire du monde

 

La vieille ville de Lijiang

La vieille ville de Lijiang, harmonieusement adaptée à la topographie irrégulière de ce site commercial et stratégique clé, a conservé un paysage urbain historique de grande qualité et éminemment authentique. Son architecture est remarquable par l'association d'éléments de plusieurs cultures réunies durant de nombreux siècles. Lijiang possède également un système d'alimentation en eau extrêmement complexe et ingénieux qui fonctionne toujours efficacement.

 

Les trois fleuves parallèles au Yunnan

Composé de huit groupes d’aires protégées contenues dans le Parc national des trois fleuves parallèles, dans le Nord-Ouest montagneux de la province du Yunnan, ce site de 1,7 million d’hectares comprend des secteurs du cours supérieur de trois des grands fleuves d’Asie : le Yangtze, le Mékong et le Salouen. 

 

La littérature Dongba des Naxi

Le peuple Naxi est issu de l’ancienne tribu Qiang des vallées du Fleuve jaune et du Huangshui au Nord-Ouest de la Chine.

À l’issue d’une migration nomade constante, les premiers Naxi se sont finalement installés dans les régions orientales et occidentales situées en amont du Fleuve Jinsha. 

Aujourd’hui, environ 300 000 Naxi vivent à la jonction des provinces de Yunnan et de Sichuan et de la région autonome du Tibet.

 

Malgré des conditions environnementales très difficiles et l’absence de ressources matérielles, les Naxi ont cependant réussi à créer une culture ethnique à part entière et unique. Par exemple, ils avaient créé un système d’écriture de plus de deux mille caractères, en utilisant des pictogrammes spéciaux pour exprimer leurs coutumes et transcrire leurs écrits.

Comme cette culture se fondait sur la religion et que ses prêtres étaient appelés « Dongba », cette ancienne culture prit le nom de « culture Dongba » et sa religion celui de « religion Dongba ». Ainsi, l’ensemble des pictogrammes, des inscriptions, des danses rituelles, des oeuvres d’art et des outils liés à cette culture sont qualifiés de « Dongba ».

Sous la pression d’autres cultures, la culture Dongba tend à se disperser et à disparaître lentement. Il ne reste plus que quelques maîtres capables d'en lire les écrits.

À l’exception de ce qui est déjà réuni et conservé, la littérature Dongba est donc sur le point de s’éteindre. De plus, comme elle a été composée sur du papier fabriqué à la main et qu’elle a été reliée à la main, cette littérature ne saurait résister au vieillissement naturel et aux manipulations incessantes.

Selon Su Yongzhong et Stéphanie Guiraud-Chaumeil
■ AM256 - DÉCEMBRE 2022/JANVIER 2023

 

Su Yongzhong, maire du gouvernement populaire municipal de Lijang

« En tant que villes inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco, les villes de Lijiang et d'Albi ont beaucoup en commun et un immense sujet d'échange et de coopération. Nous espérons qu'à l'avenir, nous pourrons maintenir une coopération active avec la Ville d'Albi dans des domaines tels que la protection et la gestion du patrimoine, le développement du marché touristique international, l'éducation ainsi que les échanges culturels. Nous aspirons à renforcer constamment la compréhension mutuelle et l'amitié entre les populations des deux villes. Je tiens à ce que les relations entre Lijiang et Albi en tant que villes sœurs continuent à se développer et je souhaite à nos deux villes prospérité économique, harmonie sociale et le bonheur de ses habitants. »

 

Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d'Albi

« À l'échelle de la Chine, Lijiang est une ville moyenne de quelque 1,5 million d'habitants qui culmine à 2 400 mètres d'altitude dans un paysage d'une exceptionnelle beauté. Notre jumelage conclu officiellement en 2017 au terme d'un long processus d'échanges s'inscrit dans le cadre d'une relation historique entre la Chine et la France, renforcée par la politique conduite par le Général De Gaulle dans les années 60, mais aussi à travers l'Unesco qui réunit nos deux villes. En effet, Lijiang, qui est la seule ville dans le monde à bénéficier de trois inscriptions sur trois registres différents de l'Unesco, a exprimé un intérêt pour un partage d'expériences entre nos deux collectivités, notamment sur la manière de gérer nos sites inscrits, et plus particulièrement du côté chinois sur la question des contraintes posées par le surtourisme. »

 

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