Les verriers du Tarn
Au début du XVe, les forêts de la Grésigne sur les montagnes tarnaises abritent des fours à verre en nombre. Cette production locale, qui rappelle le verre languedocien par sa couleur verre-bleu, tient essentiellement dans la gobeleterie (verre à boire, verrerie de table), mais touche aussi à un outillage très diversifié, allant de la confection de quenouilles pour les mariages à celle de gourdes pour les bergers.
Les gentilhommes verriers en font le commerce dans les bourgs du Midi jusqu'au milieu XVIIIe siècle. A cette époque la verrerie à charbon de Carmaux (1754), mécanisée, prend rapidement le pas sur ces fours à bois archaïques. Le développement de l'industrie du verre suivra alors l'élargissement des activités minières jusqu'à la fin du XIXe siècle.
En 1890, dans le Tarn, la contestation sociale est en plein essor. Depuis le licenciement d'un ouvrier leader socialiste à Carmaux par la compagnie de mines, s'ensuit le douloureux épisode des grandes grèves ouvrières.
« (…) l'énergie hydraulique fournie par le Tarn contribue largement au développement technique et économique. » |
La mobilisation dégénère en conflit, ce qui pousse de nombreux verriers du bassin houiller, convertis au socialisme, à venir s'établir à Albi pour fonder avec le soutien de Jean Jaurès une "Société Coopérative Ouvrière de Production". Cette nouvelle usine vient enrichir le tissu industriel de la ville en 1896. Les ouvriers ont déjà de la bouteille : ils apportent leurs savoir-faire en vitrage, verrerie d'usage courant, mais également en objet d'art, ce qui assoie la réputation du collectif. Il s'agit d'une des premières coopératives françaises, promise à une longue vie. A cette époque, l'énergie hydraulique fournie par le Tarn contribue largement au développement technique et économique le long des rives.
Un pilier de la ville
Cette industrie constitue rapidement un pilier de la ville, troisième volet du patrimoine industriel Albigeois. Très liée à l'origine à la mine, la coopérative s'oriente rapidement vers la fabrication de bouteilles à grande échelle, avec un rendement croissant et la réussite commerciale à la clé. En témoigne la construction de fours supplémentaires à la Belle Epoque et dans les années 1980.
La coopérative franchit la première moitié du XXème siècle malgré les deux Grandes Guerres. En 1982, elle se voit cependant contrainte à une modernisation de sa chaîne de production, un changement de site et un remainement de personnel entre 1982 et 1997. En retour, la société atteint son meilleur niveau de productivité (environ 300 millions de bouteilles par an aujourd'hui) et contribue ainsi à dynamiser la ville.
En 1993, pour faire face aux difficultés croissantes, la société coopérative est privatisée et rattachée au groupe Saint-Gobain Emballages.
2e four renouvelé
Il aura fallu 68 jours aux ouvriers au cours de l'année 2016 pour démolir l'ancien four numéro 2, le reconstruire et renouveler les lignes de production de bouteilles.
Ce chantier de 22 millions d'euros fait suite à une opération de même envergure en 2015 sur le four 1. La VOA dispose désormais d'installations neuves.
« Ce chantier permettra d'être plus compétitif, d'accroître la flexibilité de la production (jusqu'à dix bouteilles différentes fabriquées en même temps), d'améliorer les conditions de travail, mais aussi de réduire l'empreinte environnementale du site", indique Benoît Chatillon, son directeur.
A raison d'une moyenne de 800 000 à un million de bouteilles produites par jour, la VOA renforce sa place sur le marché international, notamment sur le haut de gamme.
Sans le savoir, les Albigeois contribuent un peu à son activité en pensant à recycler leur verre ; celui-ci est en effet valorisé par la VOA… et transformé à nouveau en bouteilles dans les teintes vertes, feuille morte et cannelle...
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Informations.
Des visites de la VOA Verrerie d'Albi sont régulièrement organisées par l'Office de tourisme d'Albi.
Tel : 05 63 36 36 00