Nicolas Desroziers, alors on chante ?

Nicolas Desroziers
Nom
Desroziers
Prénom
Nicolas

Originaire de Cherbourg, Nicolas Desroziers est professeur de musique au collège Balzac depuis 2003, mais aussi ténor soliste dans plusieurs chœurs de l'Albigeois.

Alors qu'Albi fête la musique le 21 juin, ce chanteur à la voix puissante nous partage sa passion pour le chant.

 

 

 

D'où vient votre passion pour le chant ?

"Mon enfance a été bercée par les tubes des années 60 que ma mère écoutait. Il lui arrivait de chanter aussi. J'ai appris à jouer de la guitare à l'âge de dix ans et mes parents m'ont inscrit au conservatoire. Un de nos voisins avait une guitare et m'y a donné goût. Elle a animé pendant des années les fêtes de famille et les soirées avec les amis. Mon père m'a offert plus tard une guitare électrique et j'ai encore élargi mon répertoire.

Après le bac, j'ai fait des études en musicologie. J'ai obtenu la médaille d'or en guitare en 1991 au Conservatoire national de région de Paris. Mon avenir, c’était dans la musique !"

Quel a été ensuite votre parcours ?

"Après mes études à Paris, je reviens à Cherbourg pour enseigner la guitare, mais j'ai du mal à en vivre. Je continue en
parallèle à suivre des cours à la faculté de musicologie, déterminé à faire de la musique mon métier. En 1997, je finis
par passer le Capes de musique et commence à enseigner comme professeur à Cherbourg. J'assure alors encore des cours de guitare et intègre des groupes de musique qui se produisent dans la région.

J’arrive à Albi en 2003 et j’enseigne au collège Balzac, où je suis toujours professeur et dirige une petite chorale d’élèves. À partir de l’année prochaine, j’assurerai également des cours au lycée Lapérouse."

Quel regard portez-vous sur la ville d'Albi ?

"Je connaissais déjà la ville pour y être allé avec mes parents. Nous avions à l'époque mangé dans un restaurant au Castelviel, une institution albigeoise, où j'avais goûté aux radis au foie salé... J'avais été un peu échaudé ! J'en ai remangés en arrivant ici et j'ai finalement bien apprécié !

Albi est toujours pour moi une source d'émerveillement. Le fait de m'y promener me donne parfois l'impression d'être en vacances. J'avoue que l'air du large me manque un peu, même si Cherbourg était assez enclavé. Je ne suis pas pour autant un nostalgique de la région ; la grisaille ne me manque pas ! Albi est une ville colorée, habitée et vivante, où la musique tient une place de choix."

Comment êtes-vous passé de la guitare au chant ?

"Dès mon arrivée à Albi, j'ai cherché à rejoindre un groupe de musique, mais ne connaissant pas de musiciens, la tâche a été difficile. Je me suis décidé à me lancer dans le chant et me suis inscrit au Conservatoire, sans imaginer dans quelle nouvelle aventure je m'embarquais ! J'ai participé en tant que soliste à plusieurs concerts lyriques notamment pour les chœurs Pastel et Arioso avec qui j’ai chanté au musée Toulouse-Lautrec et à Notre-Dame de la Drèche. La voix a pris ainsi peu à peu le dessus sur la guitare. Je fais aujourd'hui partie du quartet Voce 4 Terra qui se produit très régulièrement. Le répertoire est large, du gospel au chant corse !

Je suis également conseiller vocal pour un chœur d'hommes et dirige le chœur Assou Lezert qui compte une soixantaine de membres.

À mes heures perdues, je me suis mis à la danse ; un bon moyen de décompresser !"

Que représente pour vous le chant ?

"C’est une rencontre avec l'autre, qu'il s'agisse des chanteurs, des musiciens ou du public. Avec le chant, on touche à l'humain, à l'émotion. Le chant, c'est la vie !

Il y a quelque chose de thérapeutique. Il suscite la joie ; il oblige à chasser les idées noires. C'est un vrai langage qui parle à tous. Le compositeur Léonard Bernstein disait à ce propos que la musique peut nommer l'indicible et communiquer l'inconnu. Autrement dit, quand on n'a pas les mots, la musique les nomme. Le chant est le miroir de l'âme."

Comment transmettez-vous cette passion aux élèves ?

"Au collège, je m'évertue à ce qu'ils se sentent en confiance pour chanter. Certains ont peur du regard et du jugement des autres ; ils n'osent pas. D'autres se sentent au contraire à l'aise et sont heureux de s'exprimer par le chant. Je leur apprends déjà à écouter et à décrire la musique. Les cours se construisent pleinement avec eux. Il y a un vrai travail d'éducation à la musique. Je les invite à découvrir aussi d’autres genres de musique que ceux qu’ils ont l’habitude d’écouter."

Plutôt cigale ou fourmi ?

"Un peu les deux. Travailler ma voix exige du temps et de la persévérance.C'est un travail sur soi et une remise en
question permanente. Les voisins m'entendent parfois chanter, mais ils n'ont jamais frappé contre le mur ! Un des
voisins est d'ailleurs un de mes anciens élèves.

Parmi les projets, j'aimerais bien créer un groupe et préparer un récital. À court terme, je prépare un concert à Toulouse où je serai soliste pour les Noces d'Igor Stravinsky. Un disque est enfin en projet avec le groupe Voce4Terra. Pas de quoi m’ennuyer en chantant !"

Un musicien

"Pat Metheny est un artiste que j'écoute depuis mes vingt ans. Il a écrit des œuvres que j'ai jouées à la guitare avec
des amis de jeunesse dans un groupe de jazz à Cherbourg. Il est présent sur ma platine à chaque moment important de
mon existence."

Un objet

"Une baguette de direction dans l’idée que nous sommes tous, dans la mesure des possibilités du moment, chef de notre propre vie... Une baguette en roseau... celui de Jean de La Fontaine, qui plie mais ne rompt pas et le roseau pensant de Blaise Pascal..."

Une rencontre

"Pierre Caner est un compositeur tarnais accompli qui m'a accordé sa confiance en m'invitant en tant que soliste à des
concerts qu'il dirigeait et m'a fait l'honneur d'écrire pour moi un arrangement de Toulouse de Nougaro que j'ai pu interpréter à l'auditorium du musée
Toulouse-Lautrec."

Un lieu

"Mon jardin à Albi... Le contact avec la terre permet de revenir à l'essentiel. C'est un contact avec la vie, dans ce qu'elle a de plus fragile et de plus précieux. Elle favorise des occasions d'épisodes méditatifs et ressourçants..."