Nouvelle présidente de l'Office de tourisme, Isabelle Martial

« Nous cherchions un lieu, où on aurait envie de vivre et de développer notre projet. Au final, Albi répondait à tous les critères, notamment en matière d'attractivité et de tourisme. »

Rue de Cantepau, la maison, légèrement en retrait, date des années trente et est l’oeuvre du célèbre architecte albigeois Léon Daures. Un bel héritage de l'histoire d'Albi qui a traversé le siècle. Les premiers propriétaires exploitaient des gravières et avaient même créé à côté de leur maison un atelier de fabrication de béton moulé, aujourd'hui désaffecté. Entièrement rénovée en 2016, la demeure abrite depuis quatre ans L'Autre Rives, une maison d'hôtes tenue par Isabelle Martial. Si son nom fait référence à la rive droite d'Albi, elle est aussi un clin d’oeil au nom de jeune fille de la maîtresse des lieux (d'où le s !). En guise d'accueil et un brin curieux, Malko, un Berger blanc suisse, qui n'est pas sans rappeler le loup de la célèbre série Game of Thrones, vient chercher une caresse. La saison estivale touche à sa fin, mais Albi profite encore de belles journées ensoleillées, propices à un échange dans le parc.

« L'été a été plutôt bon malgré la Covid », reconnaît Isabelle. « Beaucoup de touristes français, évidemment, alors que je reçois d'habitude 40 % d'étrangers ; l'automne ne devrait cependant pas être exceptionnel… 2020 aura été une année très particulière. »
L'aventure de l'Autre Rives débute en 2013. Isabelle vit alors à Paris avec son mari et pense sérieusement à changer de métier et à se rapprocher de sa famille installée dans le Sud-Ouest.

Après plus de vingt ans à coordonner des équipes internationales oeuvrant dans la recherche clinique, plus particulièrement sur les tests menés sur de nouveaux médicaments, elle veut tourner la page. « La pression était forte et les contraintes de plus en plus pesantes », avoue-t-elle. L'idée de se réorienter dans les maisons d'hôtes ou la décoration intérieure se fait jour et se confirme après un bilan de compétences. Une fois la décision prise, Isabelle et son mari partent en quête de la perle rare. « Nous cherchions un lieu, où on aurait envie de vivre et de développer notre projet. » Au final, Albi répondait à tous les critères, notamment en matière d'attractivité et de tourisme. « Nous avons eu le coup de coeur pour les petites places cachées, le calme du cloître Saint-Salvi, l'animation du marché le samedi matin, la couleur de la brique, les humeurs du Tarn, l'accent chantant de ses habitants et leur fierté de leur territoire ; il y a aussi la proximité de la nature, les produits du terroir en circuit court,.. »

En 2014, ils achètent la maison rue de Cantepau et se lancent dans un chantier ambitieux de restructuration et de rénovation. « Une belle aventure qui a duré quinze mois », se souvient Isabelle qui s'implique pleinement dans la transformation de la maison, y apportant son coup d’oeil avisé. Le résultat offre un havre de calme à quelques minutes du centre-ville qui séduit les visiteurs. L'Autre Rives est vite remarquée par les médias et obtient en 2017 le coup de coeur Maison d'hôtes urbaines par Gîtes de France. La même année, l'émission Maison France 5 y tourne un reportage.

Quatre ans plus tard, Isabelle Martial n'a aucun regret, même si les journées peuvent parfois être intenses entre les petits-déjeuners à préparer jusqu'à l'accueil des derniers arrivants dans la soirée.
Environ 900 personnes viennent chaque année à l'Autre Rives. Certains même y reviennent. « J'ai le souvenir d'une jeune femme arrivée pour une nuit ; elle y est restée cinq jours…

Elle vivait une période difficile et s'était sentie bien ici. Le jour de son départ, elle a fondu en larmes dans mes bras. Je me rappelle aussi ce couple de Canadiens anglophones très sympathique avec qui je suis restée en contact. Nous avions beaucoup échangé pendant leur séjour. Elle était atteinte d'un cancer et est décédée l'année dernière. » À chaque fois, Isabelle a le sens de l'accueil et accorde du temps à ses hôtes pour leur partager ses coups de coeur, ses conseils et ses bonnes adresses.

« Quand le temps me le permet, j’aime visiter le Tarn et tester les restaurants pour pouvoir conseiller nos hôtes (et pour notre plaisir). Je suis aussi à l’affût de petits producteurs et d'artisans ». Autour de quelques gâteaux maison et d'un plan d'Albi, Isabelle est insatiable. « Albi est un bon point de chute pour rayonner sur le territoire. C'est une petite ville de province riche culturellement. »

Il y a un an, Isabelle, déjà ambassadrice d'Albi la Cité épiscopale, a rejoint le conseil administration de l'Office de tourisme ; elle en est depuis le 23 septembre la présidente. « J'avais envie de m'impliquer d'avantage dans la promotion de la ville. Maintenir les visiteurs plus longtemps est un objectif à atteindre. Pour y parvenir, il me semble essentiel de travailler avec tous les acteurs du tourisme. La force de frappe vient du collectif. » Si le coeur de la Cité bat sur la rive gauche du Tarn… sur l'autre rive, la synergie est bien là.