Portrait : Monique Couffignal, une Albigeoise inscrite dans la vie de la cité

Ancienne principale du collège Balzac, Monique Couffignal consacre sa retraite à la valorisation de la culture occitane, où la danse tientune part de choix. Passionnée par l’histoire du quartier de la Madeleine, elle coordonne aussi un livre de référence sur le sujet à paraître l’année prochaine.
Portrait : Monique Couffignal, une Albigeoise

Si sa carrière dans l’Éducation nationale est derrière elle, « la page est tournée », dit-elle, Monique Couffignal n’en a pas moins gardé quelques réflexes. Elle se prête avec bienveillance au jeu des questions réponses après avoir au préalable rédigé une petite note en cinq points pour ne rien oublier.

On l’aura vite compris, cette Albigeoise très active dans le milieu associatif ne fait pas les choses à moitié et sait où elle va, même si la vie, parfois, réserve quelques surprises.

« À la fin du collège, avant d’entrer au lycée Bellevue, mon professeur de maths avait déclaré à mes parents qu’en persévérant je pourrais travailler un jour dans l’enseignement. Je m’étais juré que je ne mettrais jamais un pied dans l’Éducation nationale… » Comme quoi, avec le temps, on peut changer d’avis.

Elle a d'ailleurs retenu la leçon. Aux parents qui s’affolaient que leurs enfants en 4e ou 3e ne sachent pas ce qu’ils allaient faire plus tard, elle leur répondait qu’il fallait leur laisser le temps et qu’ils avaient le droit de changer de voie. Le déclic a eu lieu pour elle lorsqu’elle travaillait comme surveillante en collège pendant ses études en microbiologie.

Au cours de sa carrière dans l’Éducation nationale, Monique change plusieurs fois d’établissements, dont la plupart sont dans le Tarn voire à Albi, ce dont elle ne se plaint pas : conseillère principale d’éducation au collège Jean-Jaurès, adjointe de direction au lycée Toulouse-Lautrec, principale au collège Balzac… « Mes convictions sont toujours restées les mêmes. J’étais attachée au service public et aux valeurs de la République ; la droiture a été ma ligne de conduite. »

De cette époque, elle garde un souvenir fort de son passage au collège Jean-Jaurès. « Il avait ouvert ses portes deux ans auparavant suite à la fermeture des collèges Rascol et Lapérouse. Tout était à construire ; il y avait un beau défi à relever, d’autant que l’image du quartier n’était pas très bonne. Comme CPE, j’étais l’interface entre les élèves, les professeurs, les parents et l’administration. J’ai géré beaucoup de problèmes, mais j’ai appris qu’il y avait toujours des solutions. » Quant à sa perception de la jeunesse, elle reste optimiste. « J’ai de bons souvenirs de réussites individuelles et collectives. »

À la retraite, Monique s’est intéressée à nouveau à la danse et à la culture populaire occitanes. Originaire d’un village près de Cordes, Mouzieys-Panens, elle avait baigné dedans très jeune. « Cette culture fait partie de mes racines ; elle est à préserver, histoire que les troubadours d’autrefois n’aient pas oeuvré pour rien.

C’est une question d’identité, d’histoire et d’héritage. » Et de se réjouir qu’un de ses enfants soit aujourd’hui enseignant d’occitan à l’université… On comprend que le bicentenaire de la naissance du colonel Teyssier, fervent défenseur de la culture occitane, ait retenu son attention. « Je suis d’ailleurs allée à Bitche l’année dernière pour le 150e anniversaire du siège de la ville et je suis ravie aujourd’hui que sa statue soit restaurée à Albi. Cela témoigne de l’intérêt porté par la Ville pour le colonel ! »

Elle perfectionne aujourd’hui son occitan et promeut la langue et la danse traditionnelle à travers un atelier de l’association de quartier du Breuil, qui réunit jusqu’à cinquante pratiquants. « La danse occitane est un bon vecteur pour transmettre cette culture ; elle véhicule aussi des valeurs comme la convivialité, l’ouverture à l’autre et à la différence avec une dimension collective et intergénérationnelle. » Sur ce point, l’objectif a été atteint avec la venue à l'atelier d’élèves du Conservatoire de musique et de danse du Tarn qui suivent des cours de musique traditionnelle.

Parmi les projets, Monique prévoit le 20 novembre avec son atelier une Velhada, autrement dit une veillée durant laquelle sont prévus des contes et chants traditionnels, mais aussi de la musique, du vin chaud et des châtaignes ! Les personnes engagées dans la culture occitane ont souvent un pied dans le Centre culturel occitan de l’Albigeois voire à l’Institut d’études occitanes du Tarn. Monique ne fait pas exception. Elle est membre du bureau pour l’un et administratrice pour l’autre.

« À l’initiative de l’IEO, j’ai d’ailleurs participé à l’organisation de trois bals occitans cet été place du Palais. Cette manifestation populaire a attiré du monde. On sentait bien que les gens avaient envie de danser après ces derniers mois compliqués, de se retrouver et de partager des moments ensemble dans la bonne humeur. On compte reconduire ces bals l’année prochaine. »

Dans le même esprit, Monique a décidé de participer régulièrement à l’émission de "musique trad" Lo Balèti diffusée sur Radio Albigés, radio qui fête ses quarante ans cette année et dont la raison d’être est justement de faire connaître et vivre la culture occitane. « L’émission propose de raconter l’histoire des danses traditionnelles en expliquant notamment leur origine et leur signification.

C’est passionnant. » Habitant le quartier de la Madeleine depuis plus de trente ans, Monique a proposé au Comité de quartier Madeleine Pont-Vieux de travailler à la réalisation d’un ouvrage collectif sur l’histoire du quartier, de l’apparition des premiers habitats avant l’An mil jusqu’à nos jours. « Beaucoup de sujets n’avaient jamais été traités jusqu'à présent. Il évoquera notamment l’artisanat du quartier, le chemin de fer, la Petite Espagne, le pastel, la présence des communautés religieuses et les commerces.

Ce livre s’appuiera sur de nombreux témoignages et anecdotes, mais aussi sur des illustrations inédites. Cela permettra réellement aux lecteurs de redécouvrir ce quartier. » Le projet, commencé en 2018, devrait aboutir avec la parution du livre au printemps prochain ; il donnera lieu aussi à des balades gourmandes à la visite du quartier. Le groupe d'auteurs s’est étoffé au fil du temps et compte une vingtaine de personnes dont des historiens.

« Il y a un bel engouement autour de cet ouvrage collectif à l'image du quartier de la Madeleine qui tient encore beaucoup du village. » Si les Albigeois ont souvent le regard tourné vers la rive gauche, la rive droite ne manque pas d’intérêt. Monique en est une bonne ambassadrice.

Ancienne principale du collège Balzac, Monique Couffignal consacre sa retraite à la valorisation de la culture occitane, où la danse tient une part de choix. Passionnée par l’histoire du quartier de la Madeleine, elle coordonne aussi un livre de référence sur le sujet à paraître l’année prochaine.