Rencontre : Julien Raynaud

À 34 ans, l’ancien joueur du Sporting a fait d’Albi sa ville de cœur. Retour sur ses premières années comme rugbyman puis chef d’entreprise engagé.
Rencontre : Julien Raynaud

Si Julien Raynaud n’est plus sur le terrain à jouer au rugby, l’ovalie est encore en lui. À l’Agencerie, agence immobilière d’un nouveau genre, qu’il a créée il y a cinq ans avenue Colonel Teyssier, un ballon de rugby accueille le client à l’entrée, bien visible derrière la vitrine...

Né à Toulouse en 1987, Julien a baigné dans le rugby comme Obélix dans la potion magique. Il commence l'entraînement à l’âge de sept ans au Stade Toulousain et signe son premier contrat pro en 2007 ; il a 20 ans. Il passe une saison à Montauban, puis retourne à Toulouse. En 2011, le manager sportif du Sporting d’Albi le contacte et lui propose de jouer aux couleurs jaune et noir au poste de troisième ligne. « Je ne connaissais pas trop Albi», se souvient-il. «Je n’y avais joué que deux fois notamment lors d’un challenge européen et à l’époque, où l’équipe était en Top 14. »

Julien arrive dans un club en Pro D2 qui sort d'une saison difficile. « Pour moi, c’était un nouveau départ. Je repartais un peu de zéro. Il fallait que je fasse mes preuves dans un club riche en histoire, en pleine transition. Le manager venait de recruter des jeunes joueurs prometteurs ; l’équipe avait été bien renouvelée. J’ai d’ailleurs pris plaisir à retrouver certains anciens camarades de jeu comme Cyriac Ponnau ou Mathieu André. Tout était à construire. »

En 2012, le capitaine Vincent Clément quitte le club et part pour Lyon. Julien est sollicité pour prendre sa suite. « J’ai éprouvé une certaine fierté et une réelle reconnaissance pour cette confiance accordée », note l’ancien joueur. « Les résultats étaient convenables ; nous avions vécu des moments intenses ; nous avions souffert ensemble. Dans ces moments-là, on voit au plus profond des hommes. Le vestiaire est en cela un espace hors du temps et isolé du monde extérieur... Les regards, les paroles y ont une résonance particulière. C’est un lieu de partage des plus grandes joies ou de déceptions immenses. C’est clairement ce qui me manque le plus de ma vie de joueur de rugby. » Les supporters, aussi, étaient au rendez-vous pour soutenir l'équipe. Dans les tribunes, l’exaltation était présente.

L’arrivée d’Hugo Mola comme entraîneur marque un nouveau virage. « J’ai eu la chance de côtoyer de grands managers et entraîneurs qui m’ont façonné bien au-delà du simple carré vert. » La demi-finale en 2015 à Mont-de-Marsan marque la fin d’une saison exceptionnelle. En 2016, le rêve se brise pour Julien qui est blessé au genou. « J’étais persuadé de reprendre rapidement, mais la rééducation a été longue et la récupération espérée s’est révélée compliquée. »

En 2017, Julien doit se rendre à l’évidence : il ne pourra plus jouer au rugby. « Cela a été dur à accepter. J’ai vécu une période vraiment difficile. J’avais trente ans et ma carrière prenait fin subitement. » L'Albigeois décide alors de se reconvertir et de ranger ses crampons. Il monte une agence immobilière axée aussi sur le service avec l’idée d’accompagner les clients en essayant de répondre à n’importe laquelle de leurs demandes via un réseau de professionnels du bâtiment. « J’ouvre l’Agencerie avenue colonel Teyssier sur un pari un peu fou en 2017. » Julien décide de rester à Albi, profitant d’un réseau de connaissances et d’amis. « J’ai appris à apprécier une ville à taille humaine qui réunit beaucoup d’atouts. La ville est également idéale pour les enfants. Nous n’avons pas hésité longtemps. »

Julien garde un pied dans le rugby et encadre une équipe de moins de seize ans au Sporting. « Je suis resté engagé aux côtés du club, même si l’agence me prenait beaucoup de temps surtout que j’étais seul dans l’aventure. Alors que j’avais pris l’habitude de vivre en groupe, les débuts ont été décapants. Il a fallu que je me fasse ma place sur le marché. Je suis passé par des moments de doute. » Il peut heureusement compter sur des amis fidèles qui font appel à lui ou le recommandent à leurs proches. « D’autres attendaient de voir aussi ce que je valais... »

En 2019, les dirigeants du club ont souhaité que j’intègre le conseil d’administration. « J’y apporte mon regard ; je connais les rouages et peux aider. Je suis intimement convaincu qu’Albi a encore la capacité à jouer en Pro D2. C’est certain que l’aspect financier est devenu de plus en plus prépondérant. La Ville d’Albi est là, mais ne peut pas tout non plus. Je reste réaliste et lucide, même si le club peut aussi compter sur de nombreux soutiens et sponsors. » Le club affaires a réuni récemment plus de 300 personnes. L’équipe connaît de bons résultats. « Ça peut repartir », estime Julien. Il est de tous les matchs à domicile et ne manque pas d’accompagner l’un de ses enfants à l’école de rugby lors des entraînements à la plaine des sports de la Guitardié.

Côté Agencerie, Julien est un entrepreneur heureux. Son équipe s’est élargie, il prévoit d’ouvrir des franchises à Bordeaux et Anglet. « Je table sur une ou deux ouvertures par an. » En tant qu’organisme de formation, l’entreprise recherche aujourd’hui sur Albi de nouveaux locaux plus grands pour accueillir les futurs franchisés. Dans une volonté d’engagement pour l’environnement, Julien a souhaité reverser à chaque transaction de quoi planter un arbre. « Comme chef d’entreprise, il est important d’être au cœur des enjeux de société », justifie-t-il.

À la fin de l’année dernière, il a créé une collection de vêtements et d’accessoires dont les bénéfices sont collectés pour lutter contre le mal logement. « Notre cœur de métier, c’est l’immobilier, mais cela n’empêche pas d’autres initiatives.» La collection joue sur des slogans «Un toit pour moi», «ça fait un bail »... « Albi connaît aussi une véritable attractivité. En cinq ans, j’ai noté une belle évolution en matière d’immobilier, mais pas que. Albi est visible sur la carte de France ; l’effet Unesco est réel. »

L’attrait pour les villes moyennes s’est par ailleurs confirmé. « Il faut vraiment espérer dans un développement économique créateur d’emplois sur le bassin albigeois. Car si la ville attire beaucoup de retraités en recherche de qualité de vie, il ne faut pas oublier les jeunes actifs. » À 34 ans, Julien est, sur ce point, un bon ambassadeur ravi de vivre à Albi !

 

Publié le 30/03/2022.