SOS Amitié toujours au poste

Face à la crise du Covid, l'antenne albigeoise de SOS Amitié a répondu à de nombreux appels de personnes isolées et en détresse, mais elle manque de bénévoles. Rencontre avec Marianne*, écoutante et directrice du poste SOS Amitié d'Albi.
SOS Amitié toujours au poste

Depuis quand le poste d'Albi existe-t-il ?

Notre antenne existe depuis quarante ans à Albi et compte actuellement vingt-quatre écoutants bénévoles. Chacun assure environ vingt d'heures d'écoute par mois, dont certaines ont lieu la nuit. Les appels proviennent de toute la France, puisqu'ils basculent vers le premier poste disponible, ce qui limite le temps d'attente.

En 2020, à Albi, nous avons répondu à 1 650 appels essentiellement à partir de notre poste d'écoute installé dans un local prévu à cet effet. Il est possible aussi de répondre par tchat. Ce genre d'échange provient essentiellement des moins de 25 ans qui préfèrent s’exprimer par écrit. À noter que nous pouvons aussi répondre par mail.

Y a-t-il eu un réel effet Covid sur les appels ?

Assurément. Les situations évoquées par les appelants depuis le début de la crise sanitaire sont marquées par l’accroissement de la peur, de l’angoisse, mais aussi par les nuisances du logement et du voisinage, les violences familiales et conjugales ou encore les problèmes économiques. Pendant le confinement, la première cause d’appel a été la solitude pour 42% des appels. Depuis un an, nous avons aussi constaté une augmentation des tentatives d'appels de 30%, témoignant d'une dégradation du moral des gens.

Qui appelle SOS Amitié ?

La majorité des appelants sont âgés entre 45 et 65 ans. Ils sont généralement isolés et ont un vrai besoin de parler et d'être écoutés. Un certain nombre souffre de problèmes de santé psychique plus ou moins graves. D'autres sont dépressifs voire ont des idées suicidaires (10 000 suicides par an en France et 200 000 tentatives NDLR). En cela, notre travail concourt réellement à éviter le passage à l'acte. Quant aux jeunes, ils expriment leur mal-être, disent ne pas être compris et éprouvent des difficultés à se projeter dans l'avenir. L'anonymat libère ici la parole.

Quelles sont les missions de l'association ?

Notre mission est d'abord d'offrir une écoute active et empathique ; nous sommes dans une démarche d'échange et de présence à l'autre. Nous ne sommes pas là pour apporter des réponses et ne nous substituons pas à des professionnels soignants. Il peut arriver que nous orientions les appelants vers d'autres structures plus à même de les aider, qu'il s'agisse de violences conjugales ou de viol par exemple. Ce qui n'est pas évident pour les bénévoles, c'est de ne pas savoir ce qu'il advient des appelants. Face au suicide, les écoutants préparés à ce genre d'appel se retrouvent cependant seuls avec une lourde responsabilité. Il s'agit de donner les moyens à la personne de dire ce qu'elle éprouve pour qu'elle puisse retrouver une capacité à raisonner et à revenir sur sa décision.

Manquez-vous de bénévoles ?

Sur plus de trois millions d’appels reçus au téléphone, quatre appels sur cinq ne peuvent pas être pris par manque de bénévoles. Au tchat, nous ne prenons qu’un appel sur dix. Nous relayons donc l'appel national pour recruter de nouveaux bénévoles. À Albi, nous en avons actuellement six en formation, mais d'autres sont les bienvenus.

À SAVOIR

Reconnue d’utilité publique, SOS Amitié, créée en 1960, répond aux appels toute l’année, 7 jours sur 7, par téléphone et mail, 24 heures sur 24, et de 13h à 3h du matin par chat. L'écoute est gratuite, anonyme et confidentielle. Elle est assurée par près de 1 800 bénévoles formés à l’écoute, à partir de 44 associations réparties en France.

Pour appeler : 09 72 39 40 50 ou www.sos-amitie.com
Recrutement bénévoles : 06 01 73 43 64