Tintin, le golf et Cavaillès

Masque SCA sur le visage, bracelets brésiliens au poignet, des projets en tête, Alain Lavergne a l'enthousiasme contagieux. Sur nombre de terrains, il joue collectif, riche d'une expérience professionnelle dans la communication, la formation et le marketing. Portrait d'un albigeois aux talents multiples.
Tintin, le golf et Cavaillès

« Les hommes ont besoin de traces pour poursuivre leur chemin et leurs rêves, celles de ceux qui les ont précédés pour avancer. » Cette phrase extraite du livre consacré aux trente ans du golf d'Albi Lasborde est partagée par les trois auteurs de l'ouvrage : Alain Lavergne et ses deux amis Jean Palmier et Bernard Monsarrat. Cette phrase, qui souligne l'importance de la transmission et du partage, résume plutôt bien le parcours de cet Albigeois aux vies multiples qui se définit assez justement comme « un initiateur, un passeur d'idées et un créateur ». Bien qu'originaire d'Albi, ce dont il a toujours été très fier, Alain Lavergne passe toute sa jeunesse à Paris. « Mon père venait d'être muté au ministère de la Guerre ; j'avais six mois. » De ce séjour à la capitale, il en garde de bons souvenirs : les visites de la ville avec ses parents, les spectacles à la Comédie française et ses journées au Palais de la Découverte. « Tout cela a contribué à aiguiser ma curiosité », reconnaît-il. Il dévore à l'époque les albums de Tintin et se passionne pour les aventures du jeune reporter. « Tintin m'a donné envie de voyager et de découvrir le monde. » Tintinophile avoué, Alain Lavergne est devenu collectionneur et quasi incollable sur le sujet, Coke en stock et Le Trésor de Rackham le rouge, restant ses albums préférés.

En été, le jeune Alain passe ses vacances à la ferme de ses grands-parents située dans la vallée du Tarn. « Je me souviens de mes départs à la gare d'Austerlitz, où j'allais admirer la locomotive sur le quai, puis de l'autocar et de la barque de mon grand père qu'il utilisait pour traverser le Tarn... » Avec le rêve de devenir agriculteur à son tour, Alain Lavergne suit des études en économie agricole à Bordeaux avant d'intégrer finalement le Crédit Agricole comme commercial. Il commence à Toulouse, gravit les échelons, prend la direction du service communication de la banque. Il est de retour à Albi en 1986 comme directeur marketing. « J'avais la volonté de revenir à Albi. J'ai redécouvert ma ville à un moment charnière, où se développait l'enseignement supérieur avec l’École des mines et la faculté Champollion.

Le patrimoine était mis en valeur dans une ville déjà exceptionnelle. L’inscription de la Cité épiscopale au patrimoine mondial en 2010 en a été la consécration. J'ai pleuré de joie en recevant un SMS m'annonçant la nouvelle. » Dans les années 80, Alain Lavergne prend part au projet du golf d'Albi qui sera porté... par le Crédit Agricole. En septembre dernier, pour marquer les trente ans de sa création, il a donc plongé dans les archives pour réaliser un ouvrage anniversaire. Son retour à Albi coïncida aussi avec la création de son entreprise Futur Line, spécialisée dans la création d'objets publicitaires destinés aux clients et salariés d'entreprises ou de collectivités. Il développe une ligne de produits inédits et joue dès le début la carte du made in France avec des créateurs et fabricants locaux, résistant contre vents et marées face à la pression asiatique.

Quelques années plus tard, il diversifie son activité et crée en parallèle une agence de conseils en communication. Il intervient pour l’École des mines, la CCI, la faculté Champollion et divers organismes. En 1992, il participe à la création d'un centre de formation par apprentissage, où il enseigne le marketing, la vente et la communication. « C'était assez novateur pour l'époque. Nous avons travaillé avec de nombreuses entreprises locales pour permettre aux jeunes d'avoir une expérience professionnelle qualifiante. La pratique m'a toujours paru indispensable. Je suis toujours heureux et fier de revoir d'anciens élèves qui ont aujourd'hui de belles situations. »

Amateur d'art et de patrimoine, Alain Lavergne a toujours été engagé dans ce domaine. « La rencontre d'amis, musiciens et collectionneurs avertis, m'a ouvert les yeux sur l'art et élargi mon horizon. » De cette passion naissante, découlent entre autres son implication dans le club des partenaires du musée Toulouse-Lautrec (il a un faible pour les tableaux de Jules Cavaillès), l'organisation du TDC à l'hôtel Rochegude et de la manifestation Albi capitale des couleurs. Aujourd'hui,
l'Albigeois est encore engagé dans des associations comme le Rotary club Albi Pastel et le club des amis du musée Soulages et celui du mTL. Pour les autres, avec les autres. Un bon leitmotiv pour ce retraité actif.

Avec 2021 en ligne de mire, il travaille sur une exposition et un ouvrage consacrés à l'artiste tarnais Alex Tomaszyk, ancien mineur de fond. D'autres projets sont à
l'étude... Il en souhaite autant pour sa ville. « À quand un restaurant étoilé à Albi et pourquoi pas dans l'ancienne conservation du musée Toulouse-Lautrec ? » Le 100e anniversaire du musée pourrait bien donner des idées…